La redécouverte récente de la surmortalité qui a touché près de 45.000 aliénés français sous l�Occupation s�inscrit dans le vaste débat des responsabilités du régime de Vichy.
Les asiles d�aliénés étaient des lieux retirés du monde, sans possibilité d�accéder à ce «marché noir», où la plupart des Français trouvaient un indispensable appoint aux rations officielles. L�immense majorité des décès fut imputable aux difficultés du ravitaillement, mais des travaux récents ont montré la diversité des situations asilaires (en raison de la taille des établissements et de la désorganisation relative de l�administration des différentes régions). En l�absence de structures psychiatriques externes, l�asile ne pouvait relâcher ses malades. Si les médecins et directeurs d�asiles ont fait leur possible pour préserver la vie de leurs patients (avec plus de facilités parfois pour les établissements privés) par contre, les représentants de l�Etat ont attendu décembre 1942 pour accorder des dispositions alimentaires particulières. Cette inaction des pouvoirs publics s�expliquait aussi par l�indifférence de la population et l�esprit eugénique qui prévalait déjà avant la guerre.